Écrins 2022

Projet Uissan | Du 20/08/2022 au 27/08/2022 (8 jours)

Plusieurs fonctions sont disponibles dans la carte.

fonctionnement souris/tactile
  • se déplacer en saisissant la carte avec un clic de souris, vous pouvez déplacer la carte
  • vue d'ensemble à l'aide du bouton < en bas à droite de la carte, vous pouvez développer une carte d'ensemble
  • zoom avant et arrière en utilisant les boutons + et - en haut à gauche de la carte, vous pouvez obtenir plus ou moins de détails sur la carte
  • changement de thème ou de carte en cliquant sur l'icône ≡ sur le côté droit de la carte, vous pouvez afficher et sélectionner les cartes et thèmes disponibles
  • récupération d'informations la carte peut contenir des éléments qui contiennent plus d'informations, en cliquant dessus un menu contextuel affichera cette information
  • affichage plein écran à l'aide du bouton ⛶, la carte peut être agrandie en affichage plein écran, utilisez le bouton ▢ pour revenir à l'affichage de la page.
fonctionnement clavier
  • déplacement à l'aide des touches fléchées, vous pouvez déplacer la carte
  • vue d'ensemble à l'aide du bouton + en bas à droite de la carte, vous pouvez développer une vue d'ensemble
  • zoom avant et arrière en utilisant les boutons + et - en haut à gauche de la carte ou en utilisant les touches + et - vous pouvez obtenir plus ou moins de détails dans la carte
  • changement de thèmes ou de cartes en cliquant sur l'icône ≡ sur le côté droit de la carte, vous pouvez afficher et sélectionner les cartes et thèmes disponibles
  • récupération d'informations la carte peut contenir des éléments qui contiennent plus d'informations, à l'aide de la touche i vous pouvez activer un curseur qui peut être déplacé à l'aide des touches fléchées, en appuyant sur la touche entrée, une récupération d'informations s'exécutera. Appuyez sur la touche i ou la touche Échap pour retourner au mode de navigation
  • affichage plein écran à l'aide du bouton ⛶, la carte peut être agrandie en affichage plein écran, utilisez le bouton ▢ pour revenir à l'affichage de la page.

Il est possible que certaines des fonctions ou boutons décrits ci-dessus aient été désactivés par l'auteur de la page ou l'administrateur

 

J'ai donc testé le voyage sans aucun moyen motorisé. Partir de chez soi et revenir à pied… Plus qu'une chance, c'est un luxe. Et si ça ne m'a pas emmené au bout du monde, j'ai pu aller suffisamment loin pour trouver ce que je cherchais. Du calme, un peu d'effort et de sueur. Mais surtout, le long de ces presque 200 kilomètres, beaucoup de simplicité. Car, finalement, tout cela n'a rien de bien compliqué : il suffit de savoir marcher !

À l'heure du bilan, je pourrais être tenté de faire une comparaison avec la traversée de Belledonne. L'exercice reste délicat car très subjectif. Durant ces 8 jours, j'ai eu une météo clémente et, il faut être lucide : ça aide sacrément ! Néanmoins, Belledonne m'a semblé plus dense, plus cassante, plus éprouvante. Non pas que le GR 54 soit facile, mais les montées sont moins sèches, et il y a de vraies transitions qui, à défaut d'être intéressantes, permettent à l'organisme de récupérer un peu. Au final, je termine le parcours en bonne forme. Presque prêt à repartir !

Le parcours en image et en chiffres :

  • À peine moins de 200 kilomètres
  • Un peu plus de 13 000 mètres de dénivelé dans un sens et dans l'autre
  • 8 étapes
  • 18.5 kilos sur le dos et 3 sur le ventre
  • 68h08 de marche (mais qu'ai-je donc fait le reste du temps ???)

20/08/2022 | Alpe d'Huez - Col de Sarenne - Clavans - Besse - Refuge des Mouterres - Plateau d'Emparis

  • C'est sous un soleil radieux que commence cette aventure.
  • 8h00. Je viens de descendre la volée d'escalier qui me sépare du point de départ.
  • Éline s'est réveillée d'un oeil, juste assez longtemps pour me souffler “Allez, bon voyage Papa”, puis s'est rendormie presque instantanément.
  • C'est parti.
  • Évidemment, je connais les premiers mètres par cœur.
  • Je décide de rejoindre le col de Sarenne par la route, histoire d'éviter à mes genoux quarantenaires une descente à froid avec 22 kilos de plus que d'habitude à soutenir.
  • Sans surprise, le patou dégénéré du pont de Sarenne me fonce dessus en hurlant alors que je suis à 150 mètres du troupeau.
  • Je le regarde tranquillement, le temps qu'il se calme, puis reprends ma route.
  • À la troisième pause pipi en moins d'une heure trente je commence à m'inquiéter : à ce rythme, je ne suis pas près de voir Bourg d'Oisans !
  • Le col est là, puis c'est la descente dans la vallée du Ferrand.
  • Clavans le Haut, Clavans le Bas, Besse.
  • Je m'accorde ma première pause repas, au soleil.
  • Au menu, noix de cajou et bœuf séché.
  • Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes…
  • … Mais, dès les premiers mètres de la montée vers le plateau d'Emparis, je déchante.
  • Je sens que mon corps ne suis pas.
  • Cinq minutes plus tard, je suis littéralement scotché sur le sentier.
  • Je commence à gamberger.
  • Col de Nazié. Chaque pas est une lutte, ça ne va pas du tout.
  • Parmi les milliers de pensées qui m'assaillent à ce moment-là, un mot revient en boucle : abandonner…
  • Je ne peux décemment pas envisager 10 jours comme ça.
  • Je m'accroche.
  • Les ruines du chalet Josserand finissent par émerger comme une bouée de sauvetage.
  • Le plateau d'Emparis s'étale enfin devant moi.
  • Plat, tout plat, si plat…
  • Quelques nuages viennent cacher le soleil.
  • J'ai froid.
  • J'enfile la polaire et m'assieds quelques instants.
  • Une pâte de fruit et une Clif Bar chocolat blanc.
  • Il faut se faire violence pour repartir.
  • Heureusement, je refais surface.
  • Les jambes commencent à revenir et, très vite, le moral avec.
  • Je réalise alors que je viens tout simplement d'avoir ma première fringale du séjour…
  • Bravo !
  • Un détour au refuge des Mouterres pour me ravitailler en eau fraîche.
  • J'hésite un instant à pousser jusqu'aux lacs pur monter le camp, puis me ravise.
  • Il faut être raisonnable : la journée à été dure, et j'ai atteint mon objectif.
  • Je décide de monter mon premier camp au sommet d'une petite butte.
  • Ce soir, c'est tartiflette.
  • 19h29. Les gens sont partis. Le vent est en train de tomber. Comme dirait ma fille, c'est le grand silence…
  • Je me plonge dans le duvet et me laisse bercer par le calme.
  • Le sommeil viendra quand il voudra.
  • Il faut récupérer…

Le profil de l'étape :

  • Distance approximative : 24 km
  • Dénivelés approximatifs : 1410 D+ / 1060 D-
  • Durée de l'étape : 8h01

21/08/2022 | Plateau d'Emparis - Col du Souchet - Le Chazelet - La Grave - Villar d'Arène - L'Alpe de Villar d'Arène - Col d'Arsine

  • Un nouveau jour se lève.
  • La fin de nuit a été un peu fraîche, mais je n'ai pas souffert du froid.
  • Sur la tente et sur la pelouse, la rosée est gelée.
  • J'attends que le soleil sorte en savourant mes pâtes bolognaise.
  • Au premier rayon, je me hâte de gratter le gel qui se ramollit : c'est plus simple et rapide que de faire sécher la tente !
  • La fringale d'hier semble loin : ce matin, ça va.
  • Le sac est lourd, mais le début d'étape est cool.
  • Col du Souchet, Le Chazelet, La Grave… Les premiers kilomètres filent tranquillement.
  • A l'approche du plan d'eau d'Arsine je croise un grand bonhomme avec un sac à dos bleu qui cherche l'Alpe de Villar d'Arène.
  • D'ici quelques jours, je l'appellerai Manu, mais je ne le sais pas encore.
  • Le chemin finit par s'élever pour rejoindre les alpages.
  • J'ai connu des montées plus dures, mais le sac est encore bien lourd et je laisse beaucoup d'énergie en chemin.
  • Il y a des marmottes tous les 2 centimètres environ.
  • Arrivé au refuge de l'Alpe de Villar d'Arène, je suis bien entamé.
  • Je décide quand même de pousser jusqu'au col d'Arsine.
  • Le dernier kilomètre est dur, mais je tiens.
  • Arrivé au col, je n'ai plus rien dans les chaussettes (à part mes premières ampoules, évidemment).
  • Au milieu des cailloux et du vent, je trouve un petit bout de terrain tout plat qui me tend les bras.
  • C'est ici que l'étape s'achève.
  • Comme la veille, le vent tombe avec le coucher du soleil, et laisse place à un silence de rêve.
  • Je m'endors tranquillement, réveillé de temps à autre par le bruit des pierres qui débaroulent sur les falaises au loin…
  • Tout va bien.

Le profil de l'étape :

  • Distance approximative : 24 km
  • Dénivelés approximatifs : 1330 D+ / 1175 D-
  • Durée de l'étape : 8h10

22/08/2022 | Col d'Arsine - Le Monêtier les Bains - Col de l'Eychauda - Chambran - Vallouise (ou presque)

  • Dans la vie, il arrive parfois que l'on se trompe et que cette erreur se transforme en heureux hasard.
  • Malheureusement, la plupart du temps, il s'avère que l'erreur que l'on vient de commettre n'est rien de plus qu'une erreur qu'il faut assumer.
  • Ce matin, j'ai ouvert le mauvais lyophilisé.
  • Au lieu d'une savoureuse truffade auvergnate, je dois donc me contenter d'un très/trop fade Colombo de poulet pour le petit déjeuner…
  • Pour la première fois du parcours, mon sac à dos me semble léger, léger…
  • Et pour cause : je suis totalement à sec avant la fin de la première heure de marche !
  • Impossible de se ravitailler dans la rivière : le Petit Tabuc est d'un blanc laiteux aussi magnifique que déconseillé à boire…
  • Heureusement pour moi, ça descend, c'est facile et il fait encore frais.
  • Arrivé au Casset, je peux enfin me désaltérer.
  • Je profite de l'occasion pour appeler mes femmes.
  • Si la transition jusqu'au Monêtier-les-Bains est agréable, la première partie de la montée du col de l'Eychauda l'est moins.
  • Qu'est-ce que c'est chiant la forêt…
  • La montée est raide, le chemin étroit, on étouffe dans l'humidité ambiante et on ne voit pas où on va.
  • Quand les cailloux refont enfin surface, j'ai l'impression d'être au travail.
  • Des télésièges, des pistes de ski, un lac artificiel…
  • Serre-Chevalier c'est sympa, mais ce n'est pas vraiment l'ambiance que je suis venu chercher.
  • Sans transition ou presque, on bascule vers Vallouise et, là, c'est magnifique.
  • Une immense vallée plonge vers la petite plaine de Chambran, où il aurait pu faire bon bivouaquer s'il n'avait pas été si tôt.
  • Juste à côté de la buvette (payante), la fontaine (gratuite) est ornée d'une grand pancarte Eau non potable.
  • C'est trop gros pour être vrai.
  • 100 mètres plus loin, je décide de me ravitailler devant la petite chapelle de Chambran.
  • Selon le tenancier de la buvette, là non plus l'eau (qui doit être la même que dans la fontaine) n'est pas potable.
  • Tu parles…
  • J'en ai bu des litres, et j'ai jamais eu la chiasse.
  • Bref.
  • Je décide de finir la journée à Vallouise.
  • Afin d'éviter le cheminement le long de la route, le GR a été retracé dans la forêt.
  • C'est biscornu et peu engageant, et j'ai bien failli faire demi-tour pour reprendre la trace historique.
  • Mais, finalement, il arrive parfois que le hasard soit heureux…
  • Au bout de quelques kilomètres, je m'arrête en bord de rivière sur un terre-plein qui appelle au bivouac.
  • Bien que je ne sois pas très convaincu d'avoir le droit de planter ma tente ici, je le fais.
  • La fin de journée approche, je suis fatigué, et je suis un homme libre.
  • Je décide que cet argumentaire suffira si on vient me demander des comptes.
  • Il fait chaud, on est bas.
  • C'est infesté de mouches.
  • Je suis obligé de manger en marchant pour ne pas en gober une.
  • Bon appétit.

Le profil de l'étape :

  • Distance approximative : 27 km
  • Dénivelés approximatifs : 1100 D+ / 2205 D-
  • Durée de l'étape : 8h32

23/08/2022 | Vallouise - Pont des Places - Entre les Aigues - Col de l'Aulp Martin - Pas de la Cavale - Refuge du Pré de la Chaumette

  • Humidité, humidité…
  • Sans surprise, au réveil tout est trempé.
  • Pour ne rien arranger, j'ai sué à grosses gouttes dans la chaleur nocturne (imagine, il faisait au moins 10 degrés).
  • Le comble, c'est qu'au milieu de toute cette humidité, j'en suis réduit à sélectionner mon lyophilisé en fonction de la quantité d'eau qu'il me reste dans ma poche à eau.
  • Pas de quoi me ravitailler hier soir…
  • Ce sera Tajine de poulet (très bon au passage).
  • A la goutte près…
  • Les choses sérieuses commencent aujourd'hui.
  • D'ailleurs, la bible du GR 54 le dit : À partir de Vallouise, le tracé du Tour de l'Oisans devient plus alpin et demande plus d'efforts physiques.
  • Cap sur l'Aup Martin, point culminant du parcours avec ses 2761 mètres.
  • Mais avant d'envisager quoi que ce soit, il me faut de l'eau.
  • J'aurais aimé faire de ma quête une grande aventure, mais en vrai ça n'a pas duré bien longtemps.
  • Après quelques centaines de mètres, j'aperçois une camionnette de la commune de Vallouise.
  • Sentant la bonne opportunité, je presse le pas pour me porter à hauteur de l'employé communal.
  • Manifestement un peu surpris de se faire alpaguer de si bonne heure, il hésite quelques secondes.
  • De l'eau potable ? … Euh… Ben c'est à dire qu'on a coupé toutes les fontaines publiques… Je sais pas trop. Il vous en faut beaucoup ?
  • Je lui réponds : Juste 2 litres.
  • Il m'invite alors à le suivre jusqu'à l'atelier municipal, cinquante mètres plus loin, qu'il m'ouvre afin que je puisse faire le plein.
  • Sympa le gars.
  • Je peux reprendre ma route tranquillement.
  • Au sens propre, puisque les 500 premiers mètres de dénivelé s'étirent le long de la route qui monte à Entre-les-Aigues.
  • C'est globalement long, monotone et sans intérêt.
  • Et surtout y'a pas le choix.
  • À peu près à mi-parcours, une brave dame s'arrête à ma hauteur et me propose de m'emmener jusqu'en haut.
  • À sa grande surprise, je décline poliment : un GR, ça se fait à pied ou ça se fait pas.
  • Entre-les-Aigues n'est rien de plus qu'un grand parking perdu au bout de la route.
  • Je m'attendais à mieux.
  • Le sentier commence à grimper sans tarder.
  • On s'élève dans la rocaille à flan de vallée.
  • C'est beau.
  • À mi-parcours, je commence à avoir un petit coup de mou, vite résorbé par une pause à la cabane de Jas-Lacroix.
  • J'appréhende un peu les 800 mètres de dénivelé qu'il me reste à gravir, d'autant que j'ai peur de manquer d'eau.
  • Honnêtement, il était inutile de s'en faire.
  • Certes, la montée est longue, mais elle très régulière, sans grande difficulté et particulièrement agréable.
  • Aux deux tiers du parcours, je finis par trouver une cascade parfaite pour me ravitailler.
  • Le débit est bon, l'eau est claire et fraîche, et nous sommes bien au-dessus des alpages.
  • C'est un régal.
  • La phase terminale de l'ascension est plutôt impressionnante.
  • Dans une ambiance lunaire, le sentier s'élève brusquement au milieu des schistes.
  • Le chemin devient tout juste assez large pour laisser un bonhomme passer.
  • En haut, le sommet ; en bas, le vide… Glissade interdite !
  • Les ravines qu'il faut enjamber en disent long sur ce qu'il doit se passer ici en cas d'orage : j'avoue, je suis bien content qu'il fasse beau…
  • Après quelques lacets serrés au milieu d'immenses troncs qui empêchent la montagne de partir sous nos pieds, on arrive enfin au sommet.
  • La vue est époustouflante.
  • Un vrai moment de bonheur.
  • Je tombe à nouveau sur celui que je peux désormais appeler Manu, rejoint quelques minutes plus tard par un certain Quentin.
  • On en reparlera plus loin !
  • Il ne reste plus qu'à descendre vers le refuge du Pré de la Chaumette, pour un repos bien mérité…
  • J'ai terriblement envie d'une pizza…

Le profil de l'étape :

  • Distance approximative : 28 km
  • Dénivelés approximatifs : 1815 D+ / 1250 D-
  • Durée de l'étape : 9h02

24/08/2022 | Refuge du Pré de la Chaumette - Col de la Valette - Col de Gouiran - Col de Vallonpierre - La Chapelle-en-Valgaudemar - Villar-Loubière

  • Le temps est toujours clair.
  • Il fait frais à l'ombre des montagnes, mais il n'y a très curieusement pas du tout d'humidité.
  • Je ne m'en plein pas : c'est un bonheur pour plier le camp.
  • Aujourd'hui, il faut enchaîner 3 cols avant de pouvoir descendre vers le Valgaudemar.
  • Pour l'échauffement, c'est le col de la Valette.
  • Physiquement, je commence à me sentir bien.
  • Les pas s'enchaînent facilement, le cœur tape fort mais pas trop, la respiration est fluide.
  • J'active le mode tracteur !
  • Lentement, sûrement et avec régularité, la machine m'emmène au sommet.
  • Ensuite, c'est le col de Gouiran, puis le col de Vallonpierre.
  • Particulièrement beau et minéral.
  • Dommage qu'il y ait eu tant de monde là-haut et si peu de place : j'aurais volontiers pris un peu de temps pour faire des photos.
  • Je décide de faire ma première pause de la journée au refuge de Vallonpierre.
  • Un petit havre de paix au pied d'un lac.
  • Aussi bucolique que sympathique.
  • J'y croise à nouveau Manu et Quentin, hédonistes, qui profitent de la cuisine du refuge.
  • Ils ont bien raison.
  • Mon regard est attiré par un immense plateau sur lequel sont alignées avec soin des rondelles de tomates et de mozzarella.
  • La torture…
  • Je ne cède toutefois pas à la tentation : l'heure n'est pas encore à la récompense.
  • Il faut descendre vers la Chapelle-en-Valgaudemar.
  • Comme beaucoup de descentes, c'est un peu long et chiant, surtout une fois arrivé en fond de vallée.
  • Les derniers kilomètres avant le village me semblent interminables.
  • Compliqué de bivouaquer par ici : je n'ai pas envie de dormir dans le champ de quelqu'un, c'est pas correct.
  • Et je n'ai pas tellement envie d'aller plus loin : je suis un peu fatigué.
  • Après bien des tergiversations intérieures, je me résous à l'option camping au village.
  • Ça tombe bien, il y en a un pile sur le chemin.
  • Ah, non monsieur, on ne prend pas la CB ici. Aucun camping ne la prend d'ailleurs… Espèces, chèques, PayPal si vous voulez, mais pas de CB…
  • Je vais garder pour moi ce que je pense du ton condescendant de la gérante dudit camping.
  • C'est bien connu : en 2022, vouloir payer en CB c'est surfait (il y a PayPal, voyons).
  • Un peu en colère, je fais demi-tour pour aller voir au camping d'à côté.
  • Je tombe alors sur Manu, qui m'invite à boire un verre avec Quentin et lui.
  • On récupère Quentin à la boutique du coin, un saucisson à la main.
  • Ce sera Perrier Citron.
  • Ils sont motivés pour pousser jusqu'à Villar-Loubière : il paraît qu'il y a de quoi crécher facilement là-bas.
  • Je me joins à eux.
  • Et nous voici donc en route pour Villar-Loubière, en cette belle fin de journée.
  • Nous finirons par poser nos sacs au camping municipal les Eaux Douces.
  • Accueil sympa, ambiance pétanque et mini-ferme.
  • Eux, ils prennent la carte bancaire (avec le sourire).
  • Ce n'est pas le grand luxe ni le paradis, mais c'est tellement simple, calme et sincère que ça donne envie de rester.

Le profil de l'étape :

  • Distance approximative : 29 km
  • Dénivelés approximatifs : 1350 D+ / 2125 D-
  • Durée de l'étape : 11h04

25/08/2022 | Villar-Loubière - Col de la Vaurze - Le Désert en Valjouffrey

  • J'ai mal dormi. Trop chaud, trop froid, trop transpiré, préoccupé par la fin du parcours.
  • D'après la météo, c'est la dernière fenêtre de beau avant une perturbation le lendemain.
  • Ça tombe plutôt mal : il faudrait être à la Muzelle vendredi soir pour pouvoir boucler la boucle samedi.
  • Or, entre Villar-Loubière et la Muzelle, il y a 3 cols, 30 kilomètres et pas loin de 4000 mètres de dénivelé.
  • Impossible d'enchaîner cela en une seule journée, et pas raisonnable de franchir le col de la Muzelle sous l'orage.
  • Bon, on avisera le moment venu.
  • Quoi qu'il arrive, il faut déjà rallier le Désert en Valjouffrey via le col de la Vaurze.
  • La montée démarre dans une pseudo-forêt à la pente un peu raide.
  • Je n'ai pas des sensations extraordinaires, mais il faut dire qu'il est tôt et que je ne suis pas encore bien réveillé.
  • Une fois le refuge des souffles passé, le paysage se dégage et je me sens mieux.
  • Je manque de marcher sur un serpent qui passe par-là.
  • Un aigle tournoie au-dessus de nos têtes.
  • Les derniers lacets vers le col sont agréables.
  • Comme bien souvent sur ce GR, la montée est régulière et passe sans encombre.
  • Pour ce qui est de la descente, en revanche…
  • … Comment dire…
  • Au palmarès des descentes toutes pourries, je pense que le col de la Vaurze doit être bien placé.
  • Pente raide, cailloux qui s'échappent sous le pied, pierres qui dépassent au hasard, racines qui font trébucher…
  • Tout est réuni pour que le moment soit désagréable.
  • Il l'a été, et j'avoue avoir vu arriver le Désert en Valjouffrey avec soulagement.
  • Il est encore tôt, mais plus assez pour envisager s'enfiler les 1000 mètres qui mènent jusqu'au col de Côte Belle.
  • En plus, mes genoux sont usés par la descente.
  • Rien de mieux à faire que se poser et se reposer.
  • Et se retrouver, comme tout le monde, devant le bistrot du coin à 18h30, pour un Perrier Citron bien mérité.

Le profil de l'étape :

  • Distance approximative : 16 km
  • Dénivelés approximatifs : 1755 D+ / 1505 D-
  • Durée de l'étape : 5h56

26/08/2022 | Le Désert en Valjouffrey - Col de Côte Belle - Col de la Muzelle - Lac de la Muzelle

  • 4h55. L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt.
  • Dommage, j'étais bien au chaud, après une nuit a nouveau perturbée par la chaleur et la transpiration.
  • Pour le moment, le ciel est clair et noir.
  • Je n'avais jamais vu autant d'étoiles dans le ciel.
  • Le col de Côte Belle ressemble à un kilomètre vertical.
  • On l'avale en une seule bouchée.
  • Le temps semble vouloir tenir.
  • Le dernier point météo de Charlotte prévoit une dégradation en début d'après-midi.
  • Il est à peine 10h, et nous sommes au pied de la Muzelle.
  • Ça va passer.
  • On attaque pied au plancher.
  • Les jambes, le cœur et la tête : tout est à l'unisson.
  • Je me sens bien, en pleine forme.
  • Le sentier continue de grimper tranquillement, jusqu'à la rupture de pente qui conduit au col.
  • C'est ce qu'on appelle être au pied du mur.
  • Le chemin monte tout droit sur une arête rocheuse hyper raide, en serpentant au milieu des schistes.
  • Vu d'en bas, c'est un peu impressionnant.
  • Mais, finalement, une fois dedans, ça passe “crème” comme on dit.
  • C'est même plutôt facile et sacrément agréable.
  • Le temps se couvre.
  • On atteint le col en 2h15.
  • Le vent nous accueille.
  • Pour la première fois du séjour, je sors ma veste Gore-Tex (toute neuve).
  • Quelques centaines de mètres en contrebas, le lac de la Muzelle nous tend les bras.
  • La pluie viendra juste après notre arrivée.
  • Pari gagné.

Le profil de l'étape :

  • Distance approximative : 16 km
  • Dénivelés approximatifs : 2255 D+ / 1435 D-
  • Durée de l'étape : 7h10

27/08/2022 | Lac de la Muzelle - Col du Vallon - Lac Lauvitel - Le Bourg d'Oisans - La Garde - Le Châtelard - L'Alpe d'Huez

  • Bis repetita placent
  • 4h30 du matin. Le chien du berger a gueulé sans discontinuer toute la nuit ou presque.
  • De là à dire que je n'ai rien dormi…
  • Aujourd'hui, c'est la dernière journée.
  • Une étape un peu marathon pour remonter chez moi.
  • Mais, avant toute chose, le dernier lyophilisé du séjour.
  • À la frontale, dans la nuit encore noire.
  • Entre l'humidité du lac et les restes de la pluie de la veille, il faudrait passer la tente à l'essoreuse pour qu'elle sèche.
  • Nous partons au petit jour avec Quentin.
  • Manu préfère dormir un peu plus ce matin.
  • Arrivé au col du Vallon, nous assistons au lever du soleil.
  • C'est une belle journée qui s'annonce.
  • Ensuite, on replonge dans l'ombre.
  • La descente vers le lac Lauvitel est à peu près aussi mauvaise que dans mon souvenir.
  • Pas pire que le col de la Vaurze, mais pas agréable du tout.
  • Arrivé au lac, je préviens Quentin.
  • Prépare la machine à dire “Bonjour”.
  • Aussi inintéressante soit la descente du Lauvitel, elle a le mérite d'être égayée par des rencontres d'un autre type.
  • Mes préférées ? …
  • Ah, les nénettes en petites baskets et t-shirt Ellesse qui embaument le parfum.
  • Accompagnées, évidemment, de leurs loulous en mode pseudo-loubards, Converse aux pieds et lunettes de soleil vissées sous leurs cheveux gominés.
  • Remarquez, nous aussi on doit nous sentir de loin…
  • … Et je ne suis pas certain que ce soit plus agréable.
  • Bref.
  • La plaine qui s'étire jusqu'au Bourg d'Oisans n'a pas un grand intérêt.
  • Mais on fait le GR jusqu'au bout ou on ne le fait pas !
  • La civilisation reprend ses droits.
  • Je laisse Quentin devant une pizzeria et mets le cap vers la montée de l'Alpe.
  • Allez, c'est la dernière montée.
  • Les motivations sont multiples.
  • Évidemment, il y a la perspective de retrouver toute la petite famille, une bonne douche (voire deux) et un bon lit.
  • Il y a aussi la satisfaction de se dire que je vais boucler ce GR proprement.
  • Mais, surtout, ce soir, c'est PIZZA !!!
  • Ah, Papa Pizza, si tu savais comme je l'ai attendue ta pizza Buffalla…
  • Sur le trajet, toutes les fontaines sont à sec.
  • Je grimpe sous la chaleur de l'après-midi.
  • Moi qui n'aime pas la forêt, je dois bien reconnaître que les sous-bois au-dessus de La Garde ont été salvateurs.
  • Le Châtelard.
  • Me voici de retour sur mes terrains d'entraînement.
  • La descente jusqu'au pont romain, puis la lente remontée vers Combe-Haute.
  • J'y bois la dernière goutte d'eau de ma poche.
  • Oups.
  • Il va falloir grimper le mur qui rejoint Pierre-Ronde à sec.
  • Cette fois, c'est le der des der !
  • Je donne tout ce qu'il me reste.
  • En haut, Éline, Oural et Charlotte m'attendent.
  • Ainsi qu'un bon sirop bien frais !
  • Les derniers mètres sont une formalité.
  • Je me surprends à regarder autour de moi, en essayant de voir ce qui a changé depuis mon départ.
  • Je réalise alors qu'il n'y a qu'une semaine que je suis parti… !
  • J'ai l'impression que c'était il y a un mois.
  • Le mot de la fin revient à ma fille, car la vérité sort toujours de la bouche des enfants.
  • Euh, papa, il faudrait peut-être que tu prennes une douche, non ?

Le profil de l'étape :

  • Distance approximative : 35 km
  • Dénivelés approximatifs : 2160 D+ / 2480 D-
  • Durée de l'étape : 10h13